des Cévennes plurielles...
L'espace
cévenol tel qu'il nous apparaît n'est pas le produit de la seule
nature. Il résulte d'une longue confrontation entre le site et l'homme,
ce dernier préservant coûte que coûte un paysage qu'il avait
préalablement construit de ses bras : travaux hydrauliques, pentes
aménagées en une succession de terrasses bâties en pierre sèche pour
retenir une terre que le ruissellement emporte tout de même, et qu'il a
fallu constamment remonter à dos d'homme... Cette
identité est aussi marquée de façon indélébile par la culture du
châtaignier, "l'arbre à pain", le grand nourricier du peuple des
Cévennes, et celle du mûrier, "l'arbre d'or" qui a permis l'élevage du
ver à soie et toutes les activités textiles qui y sont liées. Cette
identité s'inscrit enfin et surtout dans la mémoire historique, celle
de cette autre lutte que les cévenols ont mené pour défendre leur
liberté de conscience. En effet, ce pays devenu huguenot dès l'origine
de la Réforme a été le théatre privilégié de la résistance que les
protestants ont conduite aux XVII et XVIIIèmes siècles, au risque de
leur vie, pour faire reconnaître leur droit à la différence. La
Cévenne interpelle son visiteur, elle fait naître en lui le désir de la
connaître en profondeur. L'approcher c'est d'abord en découvrir le
riche patrimoine historique et culturel, c'est surtout rencontrer
l'homme qui en a modelé le paysage et qui en porte encore toute la
mémoire. Daniel TRAVIER |